Fin de bail : demain !
Le Nova fonctionne actuellement avec trois quarts de subventions publiques et un quart de recettes propres, mais surtout grâce à l’énergie bénévole de son équipe et un loyer historiquement très bas. Le collectif de volontaires se porte bien, accueillant toujours de nouvelles bonnes volontés ; la souplesse de son fonctionnement, son autonomie et le principe d’auto-gestion montrent sa solidité face aux aléas de notre société en bouleversement. Le loyer, par contre, pourrait être multiplié par six à l’occasion du renouvellement du bail, s’il était aligné au prix du marché ! Une perspective à laquelle le Nova ne pourrait faire face sans dénaturer son activité, menacer son identité et sa mission culturelle. L’incertitude face à son avenir dans les lieux a toujours été une inquiétude. Depuis quelques années, un projet un peu fou a émergé. Il doit se concrétiser d’ici la fin du bail actuel, en mai 2024…
Comment se débarrasser de cette précarité tout en gardant son indépendance ?
En créant son propriétaire !
Le propriétaire du Nova
La propriété de la salle du N°3 rue d’Arenberg à 1000 Bruxelles est une saga détaillée ici. Attachons-nous plutôt ici au propriétaire dont nous pourrions rêver !
Il garantirait que le Nova perdure pendant plusieurs générations, à condition qu’il reste indépendant, en gestion collective et consacré à une activité culturelle et artistique. Ce propriétaire idéal n’interfèrerait pas dans la programmation, les choix éditoriaux, l’éthique, ni dans le mode de fonctionnement du Nova. Il n’assécherait pas les finances de l’ASBL qui gère le cinéma et demanderait un loyer raisonnable qui permettrait de couvrir les frais liés à son rôle de propriétaire, sans profit. Il serait soucieux des travaux à entreprendre pour l’entretien et l’adaptation du bâtiment aux activités du cinéma.
Comme au Nova, nous préférons fabriquer nos propres solutions pour en maîtriser toutes les subtilités, nous avons créé ce propriétaire idéal nous-mêmes ! Il s’appelle Supernova Coop.
La coopérative Supernova Coop
Sur le papier, cette coopérative est née en 2017, quand la perspective de vente d’une emphytéose sur le lieu s’est profilée. La vente ne s’était pas concrétisée mais elle est désormais mûre. “Une emphytéose ?”, dites-vous. C’est un droit de propriété lié à une durée déterminée – 68 ans dans notre cas – moyennant le versement d’une redevance unique au début de cette période.
Et pourquoi une coopérative ? Pour que la propriété des murs reste collective et désintéressée, et pour mobiliser une communauté de coopératrices et coopérateurs souhaitant contribuer à la préservation d’un espace et d’une institution qui leur paraissent importants.
La coopérative a donc pour vocation d’acquérir l’emphytéose et de céder l’usage de la salle à l’ASBL Nova contre un loyer le plus modeste possible. Avec ce dispositif, l’ASBL garde la maîtrise de ses initiatives et décisions. Si elle venait à disparaître – ce qui n’est pas prévu, rassurez-vous ! –, la coopérative garantit que seule une activité culturelle partageant les mêmes valeurs pourrait reprendre le bail du Nova. Ainsi, Supernova Coop pérennise un lieu culturel indépendant et autogéré au cœur de Bruxelles, jusqu’en 2092 !
Et le Nova, dans tout ça ?
Finalement, qu’est-ce que ça va changer ? Eh bien… rien ! Le Nova pourra continuer à vous accueillir, à proposer des programmations inédites, interpellantes ou décoiffantes, à prix modique.
Et en même temps, ça changera tout, puisque ce lieu pourra continuer à exister jusqu’en 2092 sans craindre d’augmentation de loyer ingérable ni de changement de propriétaire susceptible de remettre en cause son fonctionnement, sa liberté éditoriale ou sa tarification, voire son existence. Une nécessité d’autant plus grande que la rencontre, le débat contradictoire, la critique constructive, l’indépendance, le collectif, la diversité, la différence… sont de plus en plus malmenés et menacés dans notre société.